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Publié le par Elsa Lequain
A l’approche des Jeux Olympiques 2024, la Fondation pour l’enfance a dévoilé les résultats de son Baromètre de violences dans les sphères sportives.
Que ce soit dans le cadre des cours d’EPS à l’école ou dans les activités extrascolaires, le sport occupe une place importante dans le système éducatif français. Les associations de lutte contre les violences éducatives ordinaires (VEO), qui autrefois se concentraient uniquement sur la sphère familiale, ont profité du contexte des Jeux Olympiques pour étendre leur champ d’investigation et explorer la place des VEO dans l’éducation sportive. Menée par l’IFOP (Institut Français de l’Opinion Publique) etla Fondation pour l’enfance, l’étude soulève des «tendances inquiétantes».
Une banalisation des violences qui perdure
Malgré les campagnes de sensibilisation sur les violences éducatives ordinaires (VEO) menées ces dernières années, le constat de l’étude est clair: plus d’un tiers des parents rapportent la présence de comportements violents dans les activités de sport de loisirs de leurs enfants (38%). Pour rappel, les violences éducatives ordinaires peuvent être verbales, physiques, psychologiques ou encore sexuelles.
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Ce qui est d’autant plustroublant est qu’environ 1 tiers des parents cautionnent ces violences dans le monde du sport.
En effet, pour un entraînement qualitatif, de nombreux parents estiment encore qu’il faudrait pousser l’enfant bien au-delà de ses limites, le forcer à continuer l’activité sportive malgré les plaintes d’essoufflement ou de fatigue, ou encore le rabaisser verbalement ou psychologiquement en cas de difficulté à continuer. Ces a priori relèvent d’un imaginaire sportif du dépassem*nt de soi à outrance, qui n’a évidemment pas sa place dans l’éducation sportive des enfants.
Quelques chiffres
1/3 des parents cautionnent ces violences:
Près de la moitié des parents interrogés jugent qu’il est difficile voire impossible d’entraîner un enfant sans crier,
34% sans le punir,
26% sans le gifler ou lui donner une fessée.
36% des répondants adhèrent à l’idée que pour faire progresser un enfant dans son sport, il faut le forcer à s’entraîner et lui faire ressentir une pression régulière, même si cela implique des violences psychologiques, verbales voire physiques.
Des séquelles tout aussi graves
Au-delà de l’aspect contre-productif pour les enfants concernés, qui peuvent en conséquence éprouver un rejet ou un dégoût de la pratique sportive, les violences éducatives ordinaires, quelles que soient les sphères où elles se manifestent, peuvent entraîner des séquelles psychologiques graves pour l’enfant concerné. Ces dommages peuvent aller d’une baisse de l’estime de soi à des troubles anxieux et dépressifs, voire, dans les cas les plus graves, au stress post-traumatique.
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Joëlle Sicamois, directrice de la Fondation pour l’Enfance, insiste sur les répercussions de ces violences: «Les travaux scientifiques sont aujourd’hui unanimes: lorsqu’elles sont intenses et répétées, les VEO peuvent impacter non seulement les compétences cognitives de l’enfant, mais aussi ses compétences sociales et sa capacité à réguler ses émotions. Il est de notre devoir d’accompagner les parents, de les aider à mieux comprendre le développement de leurs enfants et les conséquences à long terme de ces violences sur leur santé.»
Poursuivre la sensibilisation
Ateliers de soutien à la parentalité, enseignements sur les conséquences cognitives des violences éducatives ordinaires (VEO), plusieurs stratégies pourront être mises en place à la suite de cette nouvelle étude frappante. La Fondation pour l’enfance appelle à déconstruire ces anciens schémas éducatifs, en saisissant notamment les autorités publiques sur cette question.
Entraîner dans la bienveillance en mettant en valeur les efforts et les capacités physiques de l’enfant, ou encore souligner l’importance du consentementdans les activités sportives en respectant les limites physiques de chacun, telles seraient les solutions à l’avenir pour promouvoir l’activité sportive de manière constructive: une activité physique épanouissante et respectueuse.
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156 votes – Voir le résultat
Pascale Cassan
54 points
Oui
il y a 3 mois
Les écrans sont une addiction comme les autres. En abuser c'est consentir à droguer son enfant en le rendant dépendant de la communication virtuelle, ...Lire plus
Lire 53 arguments Oui
09.Maria.Mihaela Maria
26 points
Non
il y a 2 mois
Oui et non. 1. Oui pour la télévision , 2. non pour l'internet. 1. Nous avons renoncé à la télévision depuis 2010 ! 2. Pour int...Lire plus
Lire 16 arguments Non
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